Budget 2026 : "Il faut consolider nos finances publiques, mais pas à cette vitesse, pas avec cette brutalité", affirme Alexandre Ouizille, sénateur de l’Oise et porte-parole du PS.
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Mercredi 3 octobre, Alexandre Ouizille, sénateur de l’Oise et porte-parole du Parti socialiste, était l’invité de la Matinale de franceinfo. Avec Serge Cimino, éditorialiste politique de franceinfo TV, il est revenu sur la rencontre avec le Premier ministre, les discussions autour du projet de budget, les mesures de pouvoir d’achat et les enjeux liés à la réforme des retraites.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Serge Cimino : La délégation du Parti socialiste sera reçue dans le bureau du Premier ministre le 3 octobre. Pourquoi les raisons de cette rencontre ?
Alexandre Ouizille : Il s’agit peut-être avant tout de comprendre quelles sont les véritables intentions du Premier ministre. Après plusieurs semaines d’incertitudes, il semble avoir mené les socialistes en bateau. Il a parlé quelques jours de décentralisation, comme si les manifestations portaient des revendications sur ce sujet. Il a donc été en décalage avec la réalité du pays. Et le 2 octobre, il a annoncé quatre mesures qui ressemblent davantage à des relances macronistes ou sarkozystes, sans lien avec l’ambition que nous portons dans notre budget pour les classes populaires et moyennes et pour leur pouvoir d’achat. Nous attendons donc de voir ce que ce projet budgétaire comporte réellement : s’agira-t-il d’une répétition de la copie Bayrou, ou bien d’une rupture, comme il l’avait lui-même promise sur le perron de Matignon ?
Serge Cimino : Il s’agit notamment des heures supplémentaires défiscalisées, déjà en vigueur, d’une réduction de l’impôt sur le revenu pour certains couples, qu’il a légèrement ajustée pour ceux rémunérés au-dessus du SMIC, et du rétablissement de la prime Macron, exonérée d’impôts et de cotisations sociales. Que pensez-vous de ces mesures ? S’agit-il d’une tentative pour calmer le jeu, alors que les attentes sont beaucoup plus larges ?
Alexandre Ouizille : Si l’on parle de pouvoir d’achat, il existe des mesures concrètes sur notre table, comme la baisse de la CSG pour les personnes rémunérées entre le SMIC et 1 920 euros. Cela concerne près de la moitié des actifs et représente, par exemple, 900 euros supplémentaires pour une mère célibataire sur l’année. Les mesures présentées par le Premier ministre sont, pour partie, déjà en vigueur, comme pour les heures supplémentaires, et n’apportent donc pas de réelle avancée.
Serge Cimino : Comment ces annonces s’inscrivent-elles par rapport aux manifestations qui se déroulaient au même moment ?
Alexandre Ouizille : La situation est assez ubuesque : le Premier ministre annonce des mesures déjà existantes, doit ensuite rétropédaler et corriger ses propos auprès de la presse. Nous nous retrouvons avec quatre mesures symboliques, qui ne répondent pas aux attentes. C’est pourquoi nous attendons ce rendez-vous avec impatience, pour savoir s’il a entendu ce que le pays appelle une véritable rupture.
Serge Cimino : Le projet de budget a été transmis au Conseil des finances publiques, comme le veut la tradition, avant sa présentation au Conseil des ministres et à l’Assemblée. Il indique que ce projet pourra être modifié en fonction des consultations. Est-ce que vous considérez qu’il s’agit encore d’une simple consultation, ou envisagez-vous de négocier avec le Premier ministre ?
Alexandre Ouizille : Pour négocier, il faut d’abord connaître la base sur laquelle nous travaillons. Lorsqu’on analyse un budget, plusieurs éléments sont essentiels. D’abord, qui supporte la charge ? Nous affirmons que les classes populaires et moyennes ne doivent pas être pénalisées, que ce soit par la fiscalité, par une "année blanche" ou par la dégradation des services publics qu’elles utilisent. Nous réclamons une véritable solidarité fiscale. Pour l’instant, ce n’est pas le cas : pas d’ISF élargi, pas de taxe Zucman, rien de ce que nous avions proposé n’est repris.
Serge Cimino : Pensez-vous qu’il existe un projet pour la fiscalité des ultra-riches dans sa manche ?
Alexandre Ouizille : Nous l’espérons, car notre objectif est le bien du pays. Nous cherchons à proposer des solutions qui le servent réellement. Deuxième élément crucial dans un budget : le rythme de consolidation. Une austérité trop rapide casse la croissance et les carnets de commandes des entreprises. Selon l’OFCE, elle pourrait faire remonter le chômage jusqu’à 9 %. Nous demandons donc un rythme de réduction plus progressif. La consolidation des finances publiques est nécessaire, mais elle ne doit pas se faire avec brutalité.
Serge Cimino : Pourtant, la trajectoire ne diffère que de 3 milliards : 4,7 % de déficit prévu pour 2026 contre 4,6 % proposé par Bayrou. Cette différence, à quoi correspond-elle ?
Alexandre Ouizille : C’est exactement ce que nous allons vérifier. Nous voulons analyser précisément ce budget : il ferme toutes les portes de ce que nous avions proposé. Ni mesures pour le pouvoir d’achat, ni réduction des déficits, ni fiscalité pour les ultra-riches. Rien n’a été repris.
Serge Cimino : la réforme des retraites et l’examen particulier des carrières féminines. Il s’agit d’une application légèrement différente de la réforme portée par Madame Borne.
Alexandre Ouizille : Vous avez raison. Même la CFDT considère que ces ajustements sont insuffisants. Nous demandons une suspension de la réforme, avec un rendez-vous démocratique prévu en 2027. Les Français pourront alors juger des candidats à l’élection présidentielle de cette année-là. Cette réforme a été adoptée contre l’avis de 80 % des actifs et deux tiers de la population. Aujourd’hui encore, le mécontentement persiste, ce qui est exceptionnel pour une réforme de cette ampleur.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
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